Contrairement à ce que l’on peut penser, le chien n’est pas un animal territorial. Il ne l’a même jamais été. Son origine même et les milliers d’années de vie aux côtés des chasseurs-cueilleurs en excluent même une possibilité originelle.
Rappel important
Les 3 caractéristiques majeures d’un territoire sont :
- la reproduction (gestation, mise bas et éducation incluant la défense de la progéniture) qui rend vraiment réelle la notion de territoire ;
- le repos (sécurité) ;
- l’alimentation (souvent).
Le lion est l’animal emblématique de la territorialité :
- Le mâle passe beaucoup de temps à délimiter son territoire (marquage) et en surveiller les frontières.
- Quand il y a des proies qui passent dessus, il peut s’alimenter, sinon il va devoir attendre qu’elles reviennent.
- Alors qu’aucun congénère étranger ne sera admis à y pénétrer, plusieurs espèces territoriales vont pouvoir y cohabiter (hyène, guépard, etc.) à condition de bien garder ses distances.
Les chiens, eux, se déplacent en fonction des proies disponibles et vont même les suivre dans leur migration. On ne parle pas de territoire pour les chiens, mais plutôt de “campements temporaires” délimités, défendus et sécurisés. Cela serait d’ailleurs impossible de défendre un territoire aussi vaste que celui qu’ils parcourent. Les chiens sont donc des animaux nomades.
Et si le chien était territorial…
- Il ne pourrait pas déménager d’un domicile à un autre sans de graves difficultés ;
- Sortir de la maison serait quasiment impossible ;
- Il essaierait de défendre et de protéger chaque portion de territoire conquis ;
- Aucun congénère ne pourrait être croisé sans être au minimum menacé voir agressé ;
- Seuls les congénères intimes pourraient s’approcher de lui ;
- Il devrait se reproduire et chasser sur ce territoire.
Alors pourquoi dit-on “marquer son territoire” ?
Le marquage est-il un signe distinctif de la territorialité ? Si il l’est pour les animaux territoriaux, il est davantage une méthode de communication pour les canidés.
- L’urine : l’urine comporte de nombreuses substances chimiques qui vont donner des informations sur celui qui urine, telle une véritable « carte d’identité » mise à jour en temps réel (sexe, âge, état de santé, état émotionnel, etc.). Elle permet de baliser son chemin, de se sentir en sécurité et être plus calme. Enfin, elle va également servir à se situer dans l’espace et le temps : sommes-nous déjà passés par là ? Quand ? Y étions-nous en sécurité ?
- Les excréments : Les excréments peuvent être des marqueurs de présence. D’une manière générale, les animaux territoriaux font tout pour indiquer leur présence, alors que les nomades font pratiquement tout le contraire et recherchent un lieu sécurisé et rassurant pour se soulager.
- Les glandes odoriférantes : Entre les doigts se trouvent les glandes interdigitées, qui apportent sensiblement les mêmes informations que l’urine. Tandis que celles des coussinets plantaires sont dîtes “phéromones d’alertes” et sont sécrétées lorsque le chien a peur, afin de prévenir les autres du danger.
Attention à ne pas confondre : territoire et défense des ressources !
Ce que l’on nomme “ressources”, est un ensemble d’éléments extérieurs permettant de répondre à des besoins vitaux : sécurité, repos, alimentation, reproduction. Les ressources seront protégées au péril de sa vie, car indispensable à la survie.
Il y a 30 000 ans, on parlait de ressources pour :
- une forêt : lieu de vie par excellence des chiens, seul ou à plusieurs, les campements temporaires offraient sécurités et repos ;
- une femelle : l’appel de la femelle en chaleur est inévitable pour le mâle “entier”, prêt à tout pour la rejoindre, remplir son rôle de géniteur et son devoir de reproducteur pour la préservation de l’espèce ;
- un gibier : le chien est un prédateur carnivore. Comme tout être vivant, se nourrir est essentiel pour la survie. La chasse restant une activité difficile, il n’est pas rare de voir des groupes de chasse organisées.
Et pour le chien domestique ?
Le chien a dû se sédentariser avec l’Homme. S’il n’a plus besoin de chasser pour sa survie, ses besoins vitaux restent présents et de nouveaux éléments peuvent devenir des ressources à défendre :
- le panier ou le canapé, qui lui assure sécurité et repos ;
- la gamelle ou les croquettes, au niveau alimentaire ;
- un jouet, qui peut rapidement s’apparenter à une proie ;
- un humain, qui peut répondre à un grand nombre des besoins.
Bien souvent, dans l’imaginaire collectif, on parle d’un chien qui « protège » son humain, sa maison, etc. Ce n’est pas de la protection louable dans notre société, c’est de la protection de ressource. Il n’y a rien de beau à l’idée d’être une ressource pour notre chien, au même titre qu’une gamelle ou qu’un panier.
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